Le renouveau du cinéma roumain a été justement couronné de la Palme d’Or du Festival de Cannes 2007 pour ce chef-d’œuvre fait à la fois de dure franchise et de délicatesse qu’est 4-3-2 (Quatre mois, trois semaines, deux jours) consacré, rappelons-le à l’avortement. C’est avec la même acuité de regard et d’écoute que le cinéaste Cornéliu Porumboiu se penche sur le passé: récent, tortueux, douloureux et controversé, de son pays. Et il le fait de manière emblématique, en ouvrant le débat. Du grand cinéma au service de la mémoire blessée.

Décembre 1989, la Roumanie vit à l’heure de la chute de Ceaucescu. Tout le pays regarde en direct à la télévision les foules en colère qui obligent le dictateur roumain et sa femme à fuir Bucarest en hélicoptère. Seize ans plus tard, dans une paisible petite ville à l’est de la capitale, une chaîne de télévision locale organise un débat et demande à deux invités de partager leurs instants de gloire révolutionnaire. Le premier est un retraité, le second, un professeur d’histoire alcoolique. Les deux hommes se remémorent le jour où ils ont manifesté aux cris de «à bas Ceaucescu». Seulement voilà, de nombreux téléspectateurs réfutent leurs propos et ces prétendus faits glorieux.