La spécificité de l’outil vidéo est constituée par
une capacité à médiatiser rapidement les différentes formes d’expression
possibles, à mettre en jeu des choix et des positionnements, et
quelquefois à être confronté à sa propre image...
Ainsi, l’image peut être utilisée comme support d’expression pour des
personnes qui n’ont pas une pratique de langage élaborée, voir qui,
quelques fois n’accèdent pas à l’expression verbale. En outre, le fait
de produire un objet extérieur investi subjectivement, vise à offrir une
alternative à une relation souvent affective les usagers plongés dans
une quête de fusion avec leur entourage. A travers la diffusion du
produit, ce n’est plus une personne « à aimer seulement » que l’on
rencontre, mais un travail, autrement dit des compétences, résultantes
d’efforts et d’engagements.
Le processus de réalisation d’un document vidéo permet d’introduire la
notion de projet et de travail d’équipe tout en favorisant les choix des
participants. La structuration de la pensée en vue d’un résultat
provient alors de l’élaboration d’un scénario, d’un montage, d’un
tournage, et du film. Choix du sujet, des angles de vues, des plans pour
le montage, de la musique et des titres sont alors autant d’engagements
de la personne. Des compétences transversales seront développées telles
que la communication avec autrui, le travail d’équipe, des connaissances
culturelles etc.
L’utilisation de la vidéo comme outil de médiation se justifie par sa
capacité de mettre en scène et de rendre public des éléments difficiles,
douloureux ou au contraire positifs de la vie psychique des usagers. Par
là-même, une reconnaissance de la personne prend lieu à travers les
différents événements constitués par la mise en action et la
médiatisation - incontournable afin de se confronter au regard des
autres et vecteur de jugements positifs.
En outre, la vidéo bénéficie d’une dimension « contemporaine » accrue
par le fait que notre vie quotidienne baigne dans l’image. Ceci en fait
un vecteur d’intégration puissant. Participer à la création des images,
c’est un peu participer au quotidien de tout un chacun dans cette
société – l’omniprésence de la télévision, du cinéma, et autres langages
de l’image dresse une carte socioculturelle particulière. Comprendre la
fabrication des images correspond alors un peu à comprendre et à
participer au monde qui nous entoure.
Certains usagers ayant développé des compétences semi-professionnelles,
trouvent avec les activités vidéo le moyen de mener un travail rémunéré.
On observe alors la constitution d’identités professionnelles et de
relations modifiées dans l’appropriation par les usagers de leur
existence. L’intégration sociale n’est alors plus bien loin...
Poussés à communiquer avec autrui, à partager des points de vue, à
prendre le risque soit de réaliser un document vidéo, soit de s’inscrire
dans des relations professionnelles, les participants construisent
doucement une confiance en eux, une identité sociale au sein de
l’institution et quelquefois à l’extérieur. |