Retour à la page d'accueil

Reporters Sans Frontières - 2009

Du 3 au 9 juin 2009

 

 

La réalité par la fiction

Scénarios bien charpentés, constructions dramatiques solidement élaborés, réalisations jouant avec finesse ou brio de toutes les ressources du 7ème Art, le cinéma de fiction peut acquérir une force de frappe, dispenser un pouvoir de questionnement et de sensibilisation incomparables face à la réalité. Car il se nourrit des formidables pouvoirs qui peuvent émaner de l’imagination.

 Et dans la rencontre du 7ème Art avec la politique, dans l’évocation du monde de l’information dans tous ses états, dans ses grandeurs comme ses dérives, le cinéma américain s’est forgé de longue date une réputation solide et pleinement méritée.

C’est pourquoi, il est largement présent dans notre sélection, à commencer par l’un de ses titres les plus justement célèbres: le légendaire «Citizen Kane» d’Orson Welles.

Qu’il évoque le fanatisme anti-rouge érigé en norme et terrorisant le débat politique, «Good Night and Good Luck», l’abus de pouvoir dévastateur pratiqué par certaines entreprises privées, «Erin Brokovich», le délire optimistique en plein enfer guerrier, «Good Morning Vietnam» ou l’affrontement quasi shakespearien entre un président américain déchu au terme d’une dramatique procédure d’impeachment et un animateur TV en difficulté, «Frost/Nixon», le cinéma venant d’Outre-Atlantique fait toujours très juste et très fort.

Cela étant, les cinéastes européens savent eux aussi très bien jouer leur partition. Particulièrement lorsqu’il s’agit d’évoquer un passé récent et douloureux encore pour d’innombrables témoins qui les ont vécus.

A cet égard, l’histoire «revisitée» de la République démocratique allemande «Goodbye Lenin» ou le passé trouble, contestable et contesté de la Roumanie «12h08 à l’est de Bucarest», deux chefs d’œuvre, chacun à sa manière, sont de magnifiques exemples.

Il est passionnant de confronter la fiction issue de la créativité des cinéastes, quand ils sont talentueux, à la réalité exprimée par les reporters qui l’ont vécue sur le terrain. Si la programmation proposée sur les écrans de ce festival permet non seulement de procurer du plaisir mais aussi de susciter des débats passionnés sur la réalité transposée tant par la fiction que le reportage, le but de ce festival est atteint.

Pierre Barde

 

 
   
   

 

.