Les Jeudis du BIO

Le regard d’Annelies Štrba sur les villes qu’elle traverse est sans pareil. A tâtons, n’hésitant ni sur le flou ni sur les couleurs saturées, il dévoile des paysages urbains fantomatiques, hors du temps. Dans son film Tokyo, elle recourt à une technique résolument innovante. Alors qu’il n’est constitué que d’images de façades architectoniques, le film déconstruit et reconstruit sans arrêt la mégapole orientale. Il s’agit là en fait d’un arrachage et d’une reconstruction en permanence, le tout réalisé à une rapidité incroyable: l’œuvre d’un Sisyphe frénétique enivré de couleurs.

Annelis ŠTRUP

Annelies Strba est née à Zoug en 1947; elle vit à Richterswil, en Suisse. Dans les années 70, après son apprentissage de photographe commerciale (photos de passeports, de mariages), elle se met à photographier ses trois enfants en noir et blanc ou en couleurs, dans l’univers domestique, seuls ou en groupes, ou avec des chats; elle a poursuivi ce travail jusqu’à la naissance récente d’un petit-fils, en le mêlant peu à peu avec des images de lieux et de villes liées à l’histoire de sa famille originaire de Voïvodine.

Sa carrière commence avec une exposition à la Kunsthalle de Zurich en 1990; depuis, ce sont toujours les mêmes images qui sont recyclées, rappelées, réactivées dans les différentes formes d’exposition ou de publications qu’Annelies Strba leur a données. Du Japon, où elle se rend fréquemment, elle a ramené ses premières vidéos, et s’attache désormais uniquement à ce nouvel outil.